Les cultes lunaires ont disparu suite à l’évolution du calendrier. Répandu autrefois dans toute l’Europe préhistorique, le calendrier lunaire comportait 13 mois de 28 jours, c’est-à-dire la durée d’une révolution lunaire. L’année était tripartite, par analogie avec les trois phases de la Lune. Ce calcul du temps selon les rythmes lunaires était sans doute plus facile pour les peuples primitifs. La fertilité de la terre et des troupeaux était plus immédiatement, plus visiblement liée aux phases de la Lune, plus tangibles que celle du Soleil.
Calendrier lunaire – Bibliothèque Marciana – Venise
Dans le calendrier lunaire, la durée du mois, coïncidant avec la durée du cycle féminin, repose sur une identification étroite de la femme avec la Lune. Résumé de l’équation :
LUNE = FEMME = FÉCONDITÉ = VIE = TERRE = EAU…
L’année de 364 jours se divise exactement par 28 : c’était donc un calendrier très pratique, où les fêtes populaires s’articulaient très bien avec la Pleine Lune. Un jour supplémentaire, gagné par la Terre en tournant autour du Soleil, était ajouté à la fin du troisième mois. C’est peut-être d’ailleurs l’origine de la Chandeleur. Ce jour était consacré à une grande fête, au cours de laquelle la prêtresse de la Lune choisissait un roi, ou un chef militaire, pour l’année qui commençait.
Le grand problème fut longtemps de faire coïncider le calendrier lunaire avec le calendrier solaire : 12 mois et 4 saisons. Il semble que l’on y soit parvenu pendant le premier millénaire avant Jésus-Christ.
Calcul du Calendrier au Moyen Âge
Pendant des siècles bien après la généralisation officielle du calendrier Julien, c’est-à-dire solaire, les paysans des régions isolées continuèrent à compter l’année en mois de 28 jours, et en 13 mois. On en trouve encore des échos dans l’Angleterre du XIIIe siècle.
Dans l’astrologie moderne, il y a une lacune, un illogisme qui frappe. C’est le rôle réservé à la Lune. Le Soleil et la Lune ont leurs disques apparents de la même grandeur. Leur influence sur la vie de notre globe dépasse largement les influences planétaires car les Luminaires règlent pour ainsi dire, la vie. Ne sont-ils pas comme on vient de le voir à la base de tous les calendriers ?
L’influence du Soleil en Astrologie se divise en trois plans : planétaire, zodiacal et terrestre, car les douze Maisons astrologiques et les douze signes du Zodiaque sont avant tout d’essence solaire, n’étant en somme que l’influence du Soleil concrétisée, ou reflétée, par l’orbite terrestre. Si les signes du Zodiaque n’étaient pas d’essence solaire, ils subiraient fatalement des changements perpétuels de leur nature, dus au déplacement des constellations. Cette division de son influence permet de mettre le Soleil au même niveau que Mercure, Vénus ou Pluton.
Mais la Lune, peut-on l’abaisser jusqu’à la force d’une planète invisible à l’œil nu comme Pluton ou Mercure, quand nous constatons à chaque instant ses effets physiques formidables, comme par exemple, son influence sur les marées et la végétation.
Calendrier lunaire – 1583
Or, l’Astrologie Antique connaissait aussi bien le Zodiaque lunaire que les Maisons d’essence lunaire, ce qui divise l’influence de l’Astre de la nuit en trois plans semblables aux plans de l’influence du Soleil. Sans cette division, la place réservée à la Lune dans le rang des planètes est tout simplement incompréhensible.
Les Anciens possédaient toute une Astrologie basée uniquement sur les rapports du Soleil et de la Lune et il nous reste encore pas mal de documents de tous les pays, y compris ceux de notre Moyen Age, au sujet des 28 Maisons et des 28 Demeures lunaires.
Chez les Chinois, par exemple, ces divisions portaient la dénomination générique de « sieou », et le caractère chinois qui les désigne et peut se prononcer « su », signifie une auberge pour la nit et peut se traduire par le verbe « se reposer ». Notre nom de « demeure »se rapproche beaucoup plus de la notion exprimée par « sieou » que tous les autres termes appliqués par divers auteurs à cette division du Ciel en 28 parties.
L’importance de cette division complètement oubliée par les astrologues modernes était dans toute l’Antiquité comparable à celle des 12 Maisons et des 12 signes zodiacaux d’essence solaire. La Coudée Sacrée ou Royale de l’Antiquité était divisée en 7 palmes consacrées aux 7 planètes et en 28 doigts qui étaient en rapport avec les 28 Demeures et Maisons lunaires. Les 28 Izeds de la religion persane, le dieu luanire Soma accompagné de ses 27 femmes chez les Hindous, les 28 lettres de l’alphabet arabe, sont les correspondances évidentes de ces 28 divisions universellement admises.
Le 28 est le nombre de la vie par excellence et, comme la même loi d’analogie gouverne l’univers sidéral et l’existence de chaque individu, le rythme lunaire se retrouve dans notre organisme : il faut 28 battements de notre cœur pour qu’un globule rouge parcoure tout le circuit de notre corps. Le Docteur Lavezzari considérait le nombre 28 comme chiffre caractéristique pour toute notre circulation. Il dit très logiquement que chaque respiration est au circuit du globule rouge comme le jour est à la semaine, tandis que le battement du cœur étant, à tout le circuit du globule rouge, comme 1 est à 28, répète les rapports du jour au mois. Comme les globules blancs se déplacent 10 à 12 fois moins vite que les globules rouges, nous retrouvons entre ces deux circuits les rapports entre le mois lunaire et l’année solaire. Le globule rouge devrait être rattaché au Zodiaque lunaire, tandis que le globule blanc représenterait dans notre corps le Zodiaque solaire.
Cadran lunaire – Courmayeur – Val d’Aoste – Bar le Cadran – 118 via Roma
Les 28 demeures sont stables, partent de zéro degré du Bélier et se superposent en quelque sorte aux 12 signes du Zodiaque. Elles sont beaucoup plus simples que les Maisons, comme les signes solaires sont plus faciles à étudier que les 12 Maisons de l’horoscope.
Ce Zodiaque lunaire jouait dans l’ancienne Chine un rôle plus important même que le Zodiaque solaire, car il ne faut jamais perdre de vue que le système chinois est profondément original et qu’il s’est formé dans la haute Antiquité, environ 25 siècles avant Jésus-Christ, indépendamment du système babylonien, qui est le nôtre. Les anciens Chinois ont lié le Zodiaque solaire avec la planète Jupiter qui fait le tour du ciel en 12 ans, et le Zodiaque lunaire avec Saturne dont la révolution s’accomplit en 28 ans. Jupiter est plus extérieur, plus matériel que l’astre pâle de Chronos. On peut donc supposer que le Zodiaque lunaire est plus ésotérique et plus intérieur que le Zodiaque solaire. Ceci explique, par exemple, pourquoi ce Zodiaque ou, plus souvent, le nombre 28 est fréquemment lié avec l’initiation et le monde invisible.
Bibliographie
Le Grand Livre du Cancer – Sara Sand – Tchou
Astrologie Lunaire – A. Volguine – La Roue Céleste – Dervy Livres