Autres oiseaux d’augure universellement reconnus : le hibou et le vautour, qui symbolisent la mort. De moins en moins de personnes, vivant en milieu urbain et industriel, côtoient encore de tels oiseaux. Elles ne peuvent donc connaître l’effrayante expérience de l’apparition soudaine de la face ronde et blanche d’un hibou, ou de son cri strident déchirant l’obscurité ! Heureusement, d’autres oiseaux peuvent assurer les seconds rôles. Le psychiatre suisse Jung racontait l’histoire de la femme de l’un de ses patients qui avait vu une nuée d’oiseaux se rassembler devant sa fenêtre au moment de la mort de sa mère et de sa grand-mère. Une autre fois, son mari rentre tranquillement d’une visite médicale – l’ironie veut que son bilan de santé fut excellent – quand, soudain, il s’écroule sur le trottoir, mort. Au moment de sa chute, les oiseaux étaient revenus devant la fenêtre.
Pour les Grecs, le coq était le symbole divin du courage et de la force. Idolâtré des soldats, il était censé pouvoir prédire toute perturbation atmosphérique. Le chant du coq un jour de mariage annonçait une union houleuse, tandis que son sacrifice protégeait les vignes et éloignait la grêle. En Grèce mais aussi partout en Afrique, cet oiseau tenait – et tient parfois encore – un rôle considérable dans les cérémonies vaudous et théurgiques. Grâce à l’alectryonomancie, la divinaon par les coqs, le devin lui permet de s’exprimer. L’opérateur humain trace un cercle sur le sol et positionne les lettres de l’alphabet tout autour. Sur chaque lettre, il place un grain de blé ou d’orge. il pose une question à l’oiseau installé au centre du cercle. Le coq mange des graines, qui désignent des lettres qui, une fois assemblées, donnent la réponse divine.
Pour bon nombre de personnes, voir ou entendre un oiseau d’augure – grue, canard, oie, cygne ou faisan – au début d’un voyage ou d’une activité est un signe de réussite. Certains devins africains sculptent dans le bois des représentations de ces oiseaux et les suspendent dans une futaie sacrée, là où le plus petit souffle de vent pourra les faire bouger. En observant leurs mouvements, le devin peut alors répondre aux questions qui lui sont posées.
Si la plupart d’entre nous ne vit plus au contact des oiseaux d’augure, si notre écoute ne leur est plus acquise, certains de ces messages parviennent cependant encore à se faire entendre.
En voici un exemple. Je réside pour ma part dans une ville où vivent de nombreuses corneilles. J’ai appris à les regarder à chacune de mes sorties. A plusieurs occasions, tandis que j’étais plongé dans mes pensées, un oiseau est passé juste au-dessus de ma tête, s’est posé et m’a appelé avec véhémence. Le sentiment qu’il s’adressait à moi était incontestable. Une autre fois, tandis que je réfléchissais à l’une des alternatives possibles face à un grave dilemme émotionnel , j’ai été surpris par une corneille volant au-dessus de moi, croassant, puis se posant derrière moi, sur la gauche. Je considérais alors la seconde alternative, la visualisant avec force. La corneille se mit à crier plus fort, s’envola au-dessus de moi, me passa devant et sur la droite, se posa et croassa encore afin d’être sûre que je l’avais entendue… et comprise ! Un présage des plus favorables. De notre point de vue moderne, écouter et prendre en considération ces oiseaux est un acte considéré avec beaucoup de suspicion. Pourtant, en ce qui me concerne, il s’est avéré que la corneille m’avait indiqué la bonne direction.
Parler avec les oiseaux :
Essayez simplement de prendre conscience du mouvement des oiseaux autour de vous. Parallèlement, surveillez vos pensées et vous sensations.
Soyez attentif à tout mouvement ou cri, en particulier ceux des corneilles, au moment où vous songez à quelque chose de préoccupant. Si vous leur prêtez attention, elles vous considérerons en retour et entamerons une forme de dialogue. Laissez libre cours aux associations pensées-mouvements. Il existe de nombreux systèmes d’interprétation des auspices. Le plus pratique est le vieux système grec : droite, gauche, dessus, dessous, devant, derrière.
Un vol vers la gauche est signe de fin et de précautions, le moment de se retirer ou d’abandonner ses projets.
Un vol sur la droite est signe d’ouverture, d’expansion et de faveurs.
L’oiseau passe juste au dessus de vous : insistez.
Il ne bouge pas mais crie : quelque chose est en train de se mettre en œuvre dans votre psyché.
Certaines personnes comptent le nombre d’oiseaux ou le nombre d’appels. Soyez simplement réceptif à la façon dont l’oiseau agit envers vous.
Stephen Karcher