En médecine chinoise, à chaque type de fatigue correspond son remède. Que celle-ci soit émotionnelle, post-infection ou digestive, voici l'ordonnance qui pourra soulager vos symptômes.
La fatigue émotionnelle
Les symptômes : vertiges, difficulté de concentration, perte d’appétit, essoufflement. Cette fatigue est aggravée à l’effort, aux changements de saison. La MTC ne dissocie pas le physiologique du mental. Une émotion persistante perturbe l’énergie d’un organe : la colère/le foie, la joie/le cœur, les soucis/la rate, la tristesse/le poumon, la peur/les reins, et toutes troublent le cœur, qui abrite l’esprit.
Le traitement : tonifier le qi, nourrir le sang.
Dans l’assiette : évitez le grignotage, les repas riches et sucrés, les aliments de nature froide ou chaude1, de saveur piquante et salée. Préférez prendre les repas à heures régulières, mastiquez bien les aliments de saveur douce et salée : céréales complètes, légumineuses, peu de viande, fruits secs.
Les points à stimuler : guan yuan, en cas de fatigue généralisée, qui se situe sur la ligne centrale de la face du corps, à un travers de main sous le nombril. Qi hai en cas d’anxiété, sur la ligne centrale de la face du corps, à mi-chemin entre le nombril et le point guan yuan. Ming men pour calmer l’esprit (shen), sur la ligne centrale de la partie dorsale du corps, entre les deuxième et troisième vertèbres lombaires, entre les reins.
Les plantes à associer : l’astragale ou la racine d’angélique, à prendre en décoction quotidienne. Associez les jujubes dans vos plats, ils calment les émotions.
1. En diététique chinoise, la « nature » d’un aliment est son énergie, c’est-à-dire l’effet de froid et de chaleur généré dans le corps quand nous le mangeons. La menthe, de nature fraîche et froide, abaisse la température du corps, tandis que les épices et l’alcool, de nature tiède et chaude, l’augmentent. Très important pour équilibrer le yin et yang.
La fatigue post-infection
Les symptômes : frilosité, sensation de froid dans le dos, difficultés de concentration, pertes de mémoire, nycturie (envie d’aller uriner plusieurs fois dans la nuit, ce qui perturbe le sommeil). Cette fatigue, qui traduit une insuffisance de yang, est aggravée par l’effort.
Le traitement : tonifier le qi, réchauffer le yang, renforcer la rate et les reins.
Dans l’assiette : évitez les produits laitiers, les aliments sucrés, difficiles à digérer, de nature fraîche et froide, de saveur amère (refroidissante), piquante (dispersante).
Privilégiez les cuissons longues, au four ou à l’étouffée, les protéines (en petite quantité), les aliments de saveur douce et de nature tiède (gruau2, quinoa, lentilles, pleurotes, poireaux, fenouil, brocolis, chou-fleur, rognons, crevettes, poulet, agneau, mouton, caille, moules, ciboule chinoise, gingembre, cannelle, sésame, baies de goji, noix, châtaignes).
Le point à stimuler : da zhui, situé sous la septième cervicale (la proéminence à la base de la nuque). Il régule l’ensemble des méridiens yang, tonifie le qi, et disperse les attaques externes (rhumes, toux, bronchites…).
Les plantes à associer : la racine d’astragale, à la saveur douce et à la nature tiède, harmonise et tonifie le qi tout en soutenant le yang, en décoction ou en soupe. Si la fatigue s’accompagne de frilosité, ajoutez du gingembre sec et/ ou de la cannelle.
2. Une mesure de riz dans douze mesures d’eau froide, puis laisser mijoter deux bonnes heures à feu très doux.
La fatigue digestive
Les symptômes : sensation de lourdeur après les repas, envie de dormir, souffle court. Cette fatigue est améliorée par l’exercice physique. En MTC, il s’agit d’humidité, due à l’accumulation de liquides, qui se chargent en déchets et entravent la circulation du qi.
Le traitement : éliminer l’humidité, tonifier la rate.
Dans l’assiette : évitez les aliments riches et gras (friture, charcuteries, excès de viande), les aliments crus de nature froide (salade, algues, tomates, citrons, pommes, mangues, pamplemousse, thé vert), la saveur acide (produits laitiers ou à base de blé), les sucres, l’excès de sel.
Privilégiez les cuissons « sèches » au four, au grill, à la braise, les aliments de nature neutre et tiède, de saveur douce pour renforcer la rate (riz, maïs, lentilles, tofu, haricots verts, courges, fenouil, asperges, patates douces, navets, topinambours, cèpes, champignons parfumés, thé pu’er) et de saveur piquante (ail, ciboule, poireau, aneth, badiane, gingembre) pour mobiliser le qi. Ne buvez pas froid avant le repas.
Les points à stimuler : zu san li, situé sur le méridien de l’estomac, à un travers de main sous l’articulation des genoux, sur la face extérieure de la jambe, entre tibia et péroné.
Ou plus simple : passez votre sèche cheveux en modulant la chaleur sur la zone du bas-ventre entre le nombril et le haut du pubis. Idéal pour gagner en énergie dès le matin.
Les plantes à associer : contre la sensation de gonflement survenant après le repas, une infusion de graines de fenouil. Pour relancer la circulation du qi, de l’écorce de mandarine séchée en infusion, en décoction, ou directement dans un plat.
Consulter un spécialiste
Une proposition de loi pour la reconnaissance et l’intégration de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) est en cours de préparation par la Commission des affaires sociales au Sénat. Cette loi a pour but d’encadrer la profession et de sécuriser sa pratique. Jusqu’ici, le patient s’appuyait sur le bouche-à-oreille ou la consultation de l’une des neuf organisations professionnelles (FNMTC, UFPMTC, OSMC, SFMC…). La Délégation pour l’intégration et la reconnaissance de la médecine chinoise fédère désormais ces organisations et crée des ponts avec la médecine conventionnelle. Elle est à l’origine de l’Usaméch (association des Usagers de la médecine chinoise), qui aide à trouver un sinopraticien sérieux.
A découvrir
Le Grand Livre des automassages chinois de Laurent Turlin (Leduc.s éditions).
Guide de poche de la médecine chinoise du Dr Philippe Maslo et Marie Borel (Leduc.s poche).
La Médecine traditionnelle chinoise pour les nuls de Jean Pélissier (First éditions).