Des géologues néerlandais ont fait une étonnante découverte : celle de l’existence méconnue d’un continent oublié depuis des millions d’années. Ce fragment de la croûte terrestre se serait détaché de l’ancien continent Pangée avant de disparaître sous le continent européen.
La Terre continue de livrer ses secrets. On sait qu’à son origine, il y a des centaines de millions d’années, il existait plusieurs supercontinents qui, au fil du temps, sont entrés en collision et se sont morcelés. C’est notamment ainsi qu’est né le continent Pangée qui regroupait l’ensemble des terres émergées.
Preuve de l’existence du continent « Greater Adria »
Des géologues néerlandais viennent de révéler que la planète a conservé des traces de cette dérive des continents. Les scientifiques viennent même de faire une étonnante découverte : l’un des fragments qui s’est détaché du continent Pangée il y a plus de 100 millions d’années existe encore. Selon eux, il a été englouti sous l’Europe. Et on peut encore voir les vestiges de ce continent oublié. C’est en tout cas qu’ils décrivent dans une étude récemment publiée dans la revue Gondwana Research.
Baptisé « Greater Adria », ce continent oublié s’étendrait, selon eux, sur une surface actuellement couverte par une trentaine de pays du sud de l’Europe, des Alpes jusqu’à l’Iran. Ils ont même découvert que des roches présentes en Italie, sous la ceinture montagneuse qui encercle la mer Adriatique, sont la preuve de son existence. Cet enchevêtrement rocheux correspondrait aux ruines de ce fameux fragment de croûte continentale détruite il y a environ 240 millions d’années sous l’effet de la tectonique méditerranéenne.
Les géologues néerlandais ont réalisé la prouesse de reproduire un modèle avec une précision jamais atteinte jusqu’à présent. Il montre comment ce continent s’est séparé de ce qui est aujourd’hui devenu l’Espagne, le sud de la France et le nord de l’Afrique pour former un territoire à part que l’équipe a donc officiellement nommé « Greater Adria ».
Le continent Great Adria tel qu’il existait il y a quelque 140 millions d’années avant de glisser sous ce qui est maintenant l’Europe.
Le continent alors isolé aurait perduré durant des dizaines de millions d’années, formant une étendue de la taille du Groenland, en grande partie submergée par une mer tropicale. Peu à peu, Greater Adria aurait glissé vers le nord, jusqu’à entrer en collision avec l’Europe il y a quelque 120 millions d’années. Une collision qui l’aurait fait passer sous la croûte du continent européen.
« Au fur et à mesure que les plaques terrestres glissaient, ce fragment de continent a fini par plonger dans le manteau terrestre. Ces débris sont ensuite retombés sur les plaques sus-jacentes, prêts à donner naissance à de futures montagnes longeant la colonne vertébrale de l’Italie mais également en Turquie, en Grèce, dans les Alpes et les Balkans », précise l’auteur principale de l’étude, Douwe van Hinsbergen de l’Université d’Utrecht (Pays-Bas), interrogé par LiveScience.
Les montagnes, des cicatrices de la collision des plaques
Plusieurs géologues avaient déjà découvert dans cette région désordonnée des preuves de l’existence d’un continent oublié mais les détails essentiels de son histoire semblaient impossibles à rassembler. Car chaque pays a sa propre étude géologique, ses propres cartes, ses propres histoires et ses propres continents. Mais l’équipe de chercheurs dirigés par le professeur van Hinsbergen, considéré comme l’un des plus grands experts des plaques tectoniques, a passé dix ans à collecter quantité de données géologiques et géophysiques à travers l’ensemble de la région, pour finalement les intégrer dans un modèle unique grâce à un logiciel appelé GPlates. Ce logiciel a permis de révéler les chapitres manquants de la vie mouvementée de ce continent perdu.
Les géologues ont ainsi pu en déduire que le Greater Adria aurait été détruit, il y a environ 100 millions d’années, au moment de sa rencontre avec l’actuel sud de l’Europe.
« Chaque petit fragment a suivi son propre cours, explique van Hinsbergen. Et c’est ainsi que l’on obtient le grand bazar qu’est aujourd’hui la Méditerranée. Et lorsque les continents disparaissent, ils ont tendance à laisser des traces », ajoute van Hinsbergen, et parmi ces traces figurent les cicatrices laissées par la formation de montagnes. C’est notamment comme cela que la chaîne de l’Himalaya est née aussi.
La chaîne montagneuse de l’Himalaya serait née de la collision de plaques d’anciens continents.
Cette nouvelle découverte est capitale. Elle permet aux géologues d’en apprendre sur les origines de la formation des continents que nous connaissons actuellement et la fabuleuse histoire de notre planète.